Travaux de la relève!
Prévention de l’itinérance jeunesse chez les jeunes de 13 à 24 ans au Québec, par Mégane Charron
Si fermer le robinet quand l’eau déborde semble si logique, qu’est-ce qu’on attend pour le faire ? La prévention de l’itinérance jeunesse s’impose comme une solution tout aussi logique qu’évidente. L’instabilité résidentielle, les problèmes de santé mentale et la difficulté à effectuer une saine transition à la vie adulte à la sortie de placement de la protection de la jeunesse sont tous des facteurs de risques menant à l’itinérance, qui devrait s’inscrire au cœur des stratégies de prévention et de promotion de la santé. Pourquoi, collectivement, préférons-nous nous embourber dans l’urgence du quotidien, écoper à la chaudière et fermer les yeux sur la prévention en amont ?
Madame et Monsieur les ministres, ainsi que tous vos partenaires, le Plan interministériel en itinérance arrive à échéance en 2026. Devant le constat actuel, du dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible en 2022, que près du tiers des jeunes en bas de 30 ans ont vécu leur premier épisode d’itinérance il y a 5 ans ou plus et que 40 % d’entre elles et eux ont passé l’année complète en situation d’itinérance, il est temps de changer de stratégies pour permettre le plein développement des jeunes au Québec.[1]Je tiens tout de même à souligner un point fort de votre présente démarche et c’est la concertation de plusieurs ministères, dans une approche intersectorielle pour répondre à la problématique complexe et globale qu’est l’itinérance.
Considérant, qu’un tiers des jeunes sortant de la protection de la jeunesse connait une situation d’itinérance dans les trois ans suivant leur placement, il est essentiel de se doter d’un programme qui permettrait une saine transition à la vie adulte avec des supports qui dépassent l’accompagnement et le référencement, comme le Programme qualification jeunesse (PQJ), mais qui offrent aussi du support financier. La Colombie-Britannique a développé un tel programme, appelé SAJE (Strengthening Abilities and Journeys of Empowerment), pour les jeunes ayant été sous la protection de la jeunesse, qu’ils ont inscrit dans leur législation. SAJE offre un support aux jeunes jusqu’à l’âge de 27 ans, permettant aux jeunes de faire une transition saine vers la vie adulte, qui est un passage présentant des défis pour tout le monde, mais qui est particulièrement difficile pour les jeunes dont les liens avec leur famille ont subi des changements ou des perturbations importants. Le gouvernement offre ainsi aux jeunes qui ont fait l’expérience de la prise en charge par le gouvernement l’aide dont ils ont besoin pour s’épanouir. Les jeunes reçoivent un support financier de 1 250$ par mois, en étant inscrits à un programme postsecondaire, professionnel, de préparation à la vie quotidienne ou de réadaptation. Ces jeunes peuvent aussi recevoir un supplément au loyer et bien d’autres supports financiers, notamment en santé mentale, les soins de santé et pour les études.[2] En les encourageant dans leur projet de vie, la Colombie-Britannique permet à ses jeunes de s’insérer dans la société et de contourner l’itinérance. Le Québec doit sortir de la logique d’urgence qui a pour conséquence de maintenir les jeunes dans une situation de survie. Est-ce que chacun des ministères est prêt à apporter un support financier à ces jeunes, pour qu’elles et ils puissent s’épanouir pleinement?
[1] Gouvernement du Québec. (2023) Dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible au Québec. Rapport de l’exercice du 11 octobre 2022. Tout le monde compte. Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN : 978-2-550-95730-0
[2]Gouvernement de la Colombie-Britannique. (2024) SAJE (Strengthening Abilities and Journeys of Empowerment)https://www2.gov.bc.ca/gov/content/family-social-supports/youth-and-family-services/youth-transitions