Les travaux de la relève : S’inspirer du Danemark pour revisiter les soins de longue durée

Les travaux de la relève » mettent en valeur des textes d’étudiant.es réalisés dans le cadre de leurs travaux universitaires sur des thèmes liés aux politiques publiques et à la santé des populations. Le texte qui suit est un texte de vulgarisation sur une solution innovante pour les politiques de santé, réalisé dans le cadre du cours POL5862 Politique de la santé à l’UQAM (professeure : Carole Clavier), session automne 2023.

S’inspirer du Danemark pour revisiter les soins de longue durée

Imaginez avoir la chance de vieillir en bénéficiant de soins de santé de longue durée, le tout dans le confort de votre domicile. C’est le défi que le Danemark s’est lancé afin de permettre à sa population aînée de rester le plus longtemps possible à la maison. Mais comment ont-ils réussi à atteindre cet objectif et quels enseignements le Québec peut-il tirer de cette expérience?

Favoriser une optimisation efficace du système en réévaluant le financement des soins de longue durée

Avant toute chose, le Danemark a revu le mode de financement des soins de longue durée en misant essentiellement sur l’offre de soins à la maison. Ainsi, le pays consacre plus de 65% de son budget alloué aux soins de longue durée pour les soins à domicile. En comparaison, la part de financement des CHSLD et de l’hébergement au Québec représente plus de 70% du budget alloué aux soins de longue durée. En adoptant une telle alternative, non seulement le Danemark a réalisé des économies, mais il répond également aux préférences de nombreux aînés qui souhaitent rester chez eux, tout en différant ou en évitant le recours à des établissements d’hébergement (Lacoursière, 2021a).

Restructurer le système et l’administration pour une efficacité renouvelée

Conséquemment, la nation danoise a dû revoir l’organisation du système en misant sur une décentralisation. À cet effet, ce sont donc les municipalités qui prennent en charge l’organisation et l’administration des soins domiciliaires. Cela assure la préservation des budgets dédiés à ce type de soins et empêche le déplacement du financement vers d’autres secteurs de la santé. De plus, ce système vise à optimiser l’efficacité du travail du personnel soignant tout en tenant compte à la fois du temps et de la qualité des soins. À titre d’exemple, une infirmière auxiliaire peut assumer plusieurs tâches chez un patient, elles peuvent tant bien s’occuper d’un pansement que faire le repas. En revanche, au Québec, ces tâches sont réparties entre différents intervenants, ce qui peut rendre le processus long et ardu. Finalement, le système danois comprend différents éléments clés afin de dispenser des soins et des services de qualité à la maison. Le système accorde une grande valeur au travail des professionnels de la santé domiciliaire. Pour s’y faire, on favorise la collaboration entre collègues, on investit massivement dans l’adaptation des domiciles à l’aide d’équipements favorisant l’autonomie, on utilise des technologies pour renforcer la sécurité et on s’appuie sur la bienveillance des communautés (Lacoursière, 2021a).

Revitaliser le modèle d’hébergement par une reconceptualisation innovante

En plus de prioriser les soins à domiciles, le Danemark propose un modèle d’hébergement innovant. Le pays explore la notion de « Maisons des générations ». Ce type de logement rassemble au sein d’un même établissement, des familles, des personnes vivant avec un handicap, des étudiants, des personnes âgées autonomes ainsi que des personnes âgées en perte d’autonomie. Ce modèle encourage la collaboration entre ces divers groupes, tout en mettant une attention particulière à l’amélioration de la qualité de vie de chacun en luttant contre l’isolement et en favorisant un sentiment de communauté et de coopération (Lacoursière, 2021b).

Des perspectives pour bien vieillir au Québec

Faisant face à un vieillissement de la population et à un manque accru d’accès aux soins de longue durée, le Québec devra inévitablement réévaluer la gestion de l’accès à ces soins et de revisiter les modèles de soins qu’ils proposent afin d’anticiper et de répondre à l’impact croissant du vieillissement démographique de la province. Pour s’y faire, il est pertinent de prendre en considération les acquis provenant d’autres sociétés, notamment le Danemark, et d’envisager la possibilité de transporter des éléments de ces approches dans notre société. L’ouverture à des pratiques novatrices et éprouvées a le potentiel de remodeler positivement notre approche envers les soins de longue durée aux personnes âgées en plus de leur permettre de vieillir de façon respectable et efficace.

Auteure

Shyana Charest, étudiante au baccalauréat en science politique à l’UQAM

Travail réalisé dans le cadre du cours POL5862 Politique de la santé, session automne 2023, à l’UQAM 


Bibliographie